Arequipa, arrêt sympa - 3 septembre
Salut à vous, lecteurs fidèles (ou infidèles? Je préfère pas le savoir...)
En ce qui nous concerne, nous sommes toujours fidèles à la route. Et on en a fait un bout depuis les dernières nouvelles! Depuis une dizaine de jours, un long road trip nous a conduit sur plus de 2000km et 50 heures de bus de Cuzco à la frontière équatorienne tout au nord du Pérou. Avec des étapes, bien sûr!
Je vous conte la première d'entre elles dans les lignes qui suivent, avec la belle ville d'Arequipa, au sud ouest du pays.
Le site en lui-même est très impressionnant: la ville est dominée par de hauts volcans (El Misti, Chachani et Picchu Picchu, entre 5500m et 6500m). Voyez plutôt:
A l'instar de Sucre en Bolivie, Arequipa est une ville blanche. Mais ici, les murs ne sont pas enduits de peinture, c'est la pierre elle-même qui est gris-blanche. Il s'agit de "sillar" ou tuf de lave, roche typique de ce coin, facile à tailler, solide, bon isolant. Le matériau idéal, utilisé depuis des siècles. Cette blancheur et le soleil perpétuel qui règne ici ont font une ville lumineuse, presqu'éblouissante. Ci-dessous, petite vue de la Plaza de Armas avec la cathédrale au fond. (Au fait, toutes les places principales des villes sud-américaines s'appellent Plaza de Armas, un peu comme nos Place Charles de Gaulle).
Après une journée de déambulation dans la ville, en essayant de rentrer dans les patios (souvent magnifiques) quand l'occasion se présentait (trait hérité du paternel, crois-je), nous avons poussé les portes de la principale attraction touristique de la ville: le Monasterio Santa Catalina. Gros coup de coeur, qui vaut bien ses 35 soles par personne (9 euros, quand même...)
Il s'agit d'un couvent de soeurs dominicaines, fondé en 1579 et ouvert au public depuis 1970 quand les soeurs ont été relogées. Au plus fort de l'activité du couvent, 500 femmes y habitaient coupées du monde, dont 180 religieuses (volontaires ou filles de bonne famille forcées). Pas étonnant que ce lieu se vante d'être une véritable ville dans la ville. C'est immense, des ruelles fleuries relient les places et les cloîtres et desservent les salles communes et les cellules.
Et à circuler dans ce village, on circule aussi de monochrome en monochrome, d'autant plus beaux au soleil oblique du matin.
Vous pouvez lire Silencio en haut de l'arche: ouais, ça rigolait pas chez les soeurs. Les châtiments corporels (auto-infligés ou pas) étaient de rigueur. En même temps, les plus riches des soeurs avaient plusieurs servantes ou esclaves, des femmes de compagnies et se la coulaient plutôt douce. Bah, ouais, le voeu de pauvreté ne semblait pas être super bien vu... Quand à la chasteté, motus...
Enfin, tout cet argent n'a pas été perdu: ce couvent est un véritable bijou architectural, tout en sillar peint. Après le rouge initial, on passe au bleu dans le Cloître des Orangers.
Les cellules des soeurs sont de véritables petits appartements. C'est sobre, mais chacune a sa cuisine, dans un patio coloré également.
On peut y voir des outils anciens, comme cette meule manuelle.
On passe ensuite à l'ocre dans ces rues et allées qui portent des noms de villes espagnoles (Burgos, Sevilla, Toledo...)
On passe par la laverie, les jardins et les grandes cuisines, dans une ambiance jaune. On peut comprendre que le calme et la beauté simples de ces lieux incitaient à la méditation (même si à 500, ça devait être dur de se sentir seule face à Dieu...). En tous cas, nous, on a senti quelque chose ici.
Aujourd'hui, une communauté d'une trentaine de religieuses vit dans une aile modernisée du couvent, toujours à l'écart du monde. On a été touchés par leur témoignage écrit. En voici des extraits:
"Dans la sérénité que nos coeurs ont acquis au travers de longues heures de silence, à l'écoute de Dieu, dans la prière perséverante née de nos âmes reconnaissantes, nous pouvons attester de la présence de Dieu dans les petits événements de la vie quotidienne. [...] A chaque instant, nous prions pour le monde et avec le monde. Dans l'Eglise, nous sommes la présence, pas la visibilité."
Sur ces beaux mots, une seule chose reste à dire: Amen.
Seb et Fanny
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