Bonne annee 2554! - 17 avril
Salut!
Après une semaine passée à Luang Prabang, pas mal de choses à raconter...
Mais d'abord, une remarque et une question.
Remarque, en réponse à certains commentaires désobligeants: les bananes ici sont énormes...
La question, ensuite, qui me trotte dans la tête depuis quelques jours. Il se trouve que les habitants du Laos sont le peuple Lao. Le nom officiel du Laos est d'ailleurs "République Démocratique du Peuple Lao". Alors pourquoi les appelle les "Laotiens" en français? C'est comme si on appelait les Français des Françaisiens, ou les Anglais des Anglaisiens, non? Y-a-t-il un historien de la langue française dans la salle?
Bref, tout ça pour dire, on a beau être en vacances, ça mouline quand même là-dedans.
Donc, Luang Prabang. Pas "Patrimoine Mondial de l'Unesco" pour rien: ville sans immeubles, peuplée de temples (sans blague!), fleurie, lovée entre le Mékong et la Nam Kane. Il y fait bon vivre, et ce malgré les milliers de touristes qui y affluent. On a donc pris le temps de découvrir un peu cette ville. Pour les temples, je ne vous donne que cet échantillon en images du Wat Xieng Thong, le plus célèbre, le plus beau.
Grâce à notre hôte Bounmy, on a aussi eu la chance de faire une balade en voiture pour rejoindre les Grottes de Pak Ou, sur les rives du Mékong. On a traversé le fleuve en pirogue pour y accéder.
Pak Ou est un endroit sacré pour les habitants du coin, mais dont l'atmosphère mystique est un peu cassée par le flux touristique. Tout de même assez fou, ce nombre de Bouddhas qui occupent les lieux. Et pour cause, les gens viennent y déposer des effigies à l'époque du Nouvel An.
Le Nouvel an, c'est à dire, hier. Et beh oui, les amis, c'était pas des blagues le titre de l'article! Selon le calendrier bouddhique, on est passé hier à l'an 2554. Ce passage à la nouvelle année a été l'occasion de célébrations populaires incroyables dans le pays, et notamment à Luang Prabang. On appelle ça Pi Maï, et on y était! La fête dure 3 jours, de folie. Traditionnellement, cette fête est liée à l'eau. Les gens s'arrosent de quelques gouttes d'eau en se disant "Sabaidi Pi Maï!" (bonne année, quoi!). Cela s'apparente à une bénédiction, où l'on se lave mutuellement du mal qui nous habite. Cette période de la mi-avril est la plus chaude de l'année, alors ça s'explique aussi. Mais depuis quelques années, ce gentil arrosage tourne à la grosse bataille d'eau à l'échelle de la ville. Pas possible de se balader 15 minutes en ville sans être trempé jusqu'aux os. Tout le monde y passe: Lao, touriste, à pied, en vélo, en voiture, en camionnette, jeune, vieux. Ce qui est marrant, c'est que les groupes de jeunes montent dans des pick-ups ou des camionnettes et arpentent la ville pour se faire arroser.
Alors, de plus en plus, il n'y a pas que de l'eau: farine, colorant alimentaire, charbon, huile de moteur pour les plus extrêmes...
Les anciens s'en plaignent un peu, mais c'est généralement fait sans méchanceté. Et c'est ça qui est fou: ça pourrait tellement tourner au grand n'importe quoi, ce truc, qu'on est étonné que ça reste plutôt soft. Souvent, les gens nous ont arrosé presque tendrement et nous ont dit "Sabaidi Pi Maï" avec une telle sincérité qu'on sent vraiment le côté "bénédiction" du geste. Et puis, souvent, il y a un coup à boire avec (BeerLao, boisson officielle du Laos), alors ça passe. Arrosés de l'extérieur et de l'intérieur! Voilà pour l'ambiance générale. Mais pendant ces trois jours, certaines traditions sont immuables, qu'accomplissent beaucoup d'habitants de la région. Le premier jour de Pi Maï, soit le dernier jour de l'année, on va faire un tour au grand marché qui occupe toute la rue principale de Luang Prabang. De l'artisanat, beaucoup, de la nourriture, un peu, mais aussi des banderoles, des fleurs, de l'encens, et des animaux (oiseaux, poissons) prisonniers. De quoi s'équiper pour la suite des réjouissances. On plante la banderole devant chez soi, et on file sur une île sur le Mékong. Là, on y construit une stupa en sable (un mini-temple, quoi), sur lequel on met de l'encens, des fleurs, des bougies, comme dans un vrai temple. Certains y plantent aussi une banderole.
C'est également sur cette île qu'on libère l'oiseau ou le poisson que l'on a acheté. Paradoxe du bouddhisme: libérer les êtres prisonniers est un précepte important pour le croyant, du coup, on emprisonne des animaux pour pouvoir les libérer ensuite... Nous on a eu trop pitié de ces petits moineaux pour rentrer dans ce jeu... L'après-midi, c'est arrosage... Le deuxième jour, c'est le jour entre les deux années. Le défilé dans la rue principale occupe une part importante dans le folklore local: des gens défilent en tenues traditionnelles des différentes ethnies du Laos, les moines défilent et se font arroser, des êtres du panthéon bouddhiste aussi.
On peut voir ici les "mascottes" (ou bons génies) de la ville.
Enfin, les travestis passent pour amuser la galerie.
Le Prabang, un Bouddha d'Or de 63 cm de haut, protecteur de la ville est ensuite exposé à la population devant le Wat Mai, où les gens peuvent venir l'arroser également. Puis on s'arrose allègrement le reste du jour. Le troisième jour, c'est le véritable jour de l'an, et là c'est arrosage dans tous les sens, la bière coule à flot, et le défilé repasse dans l'autre sens. On sait pas pourquoi mais bon. Tant mieux, on a fait de meilleurs photos!
Aujourd'hui, ça a du se calmer, les Laos vont traditionnellement à la cascade de Kuang Si (où nous sommes déjà allés). Pour nous, c'est glande et Musée, au sec! En clair, tout va bien, on est bien propres, et heureux d'avoir pu vivre ça parmi des Laos, vrais de vrais!
On vous embrasse tous,
Seb et Fanny